La brise d’un souvenir

Un été en Vendée, peut-être en 1992, ma mémoire me fait défaut. Néanmoins elle n’a pas oublié une chambre d’hôtel au bord de la plage. Il suffisait de prendre l’escalier blanc pour être au pied de la mer insaisissable, ou tout simplement ouvrir la fenêtre et se mettre sur le balcon.

Cette nuit-là, un léger courant d’air me réveilla. Dans le grand lit, papy dormait du sommeil du juste. Une ombre dansait dans la pièce. Sur le balcon, ma grand-mère en contemplation, respirant l’iode, s’imprégnant de l’énergie marine, de la terre, de la vie. Devais-je bouger ? Ou juste rester là, sous le drap. Je me levais, mes pantoufles aux pieds, je glissais sur le sol. À côté d’elle, la vibration de l’amour irradiait.

Nous restâmes là. Les bateaux de pêcheurs devant nous, des hommes s’affairaient. Savaient-ils qu’ils étaient observés par la lune, la mer et deux âmes ? Dans l’obscurité, leurs gestes étaient accompagnés d’une loupiote, quasi invisible pour nos yeux, étaient synchronisés.

Et le bruit de la mer, indescriptible, jamais le même et qui se ressemble.

Le temps était suspendu. Une petite embarcation partit, puis une seconde et encore une autre. Tous leurs filets étaient prêts.

Que disait le cœur de mamie, à ce moment précis ? Je ne le saurais jamais. Ce dont je suis sure, présentement, c’est que mon âme était jumelée à ce paysage changeant. Aux actes, aux jeux de mains, aux attitudes que je ne pouvais que deviner.

Ils étaient partis, au loin. Un gilet avait atterri sur mes épaules.

La mer continua à nous accompagner, une douce musique apaisante, qui à certains moments montait en force. La lune décida de se retirer à pas feutré, et le soleil entra dans la danse. Avec l’astre lunaire, la mer dansait une valse, puis le commencement d’une clarté, le fox trop pris le dessus. À cet instant le paysage jouait « A String of Pearls ». La mer jouait avec les rayons, les rendant insipides ou éclatants.

Chaque seconde, chaque minute étaient des pas de danse. Et nous étions en communion avec l’entrain de la nature, qui changeait ses coloris en fonction des vagues, ou tout simplement le soleil se transformait en un splendide renard. Qui sait ?

Mamie et moi entendîmes tousser. Un regard éberlué posé sur nous. La magie fut dissipée. Quoique, pas tout à fait.

Dans la salle du restaurant, j’étais la seule à entendre jouer Scott Joplin avec son célèbre « The Entertainer »

Alexandra

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